Pour revenir à nos moutons et à nos loups
Plus j'y pense, moins je trouve qu'il y a un "problème loup". Plus je regarde ce sujet, plus je pense qu'il y a un véritable problème au niveau du Pastoralisme et de la Transumance
Il y a un gros problème du pastoralisme à la française.
Depuis les années 50, il se prend claque sur claque. Le loup n'est que la goutte d'eau qui fait déborder le vase, le Xième problème sur lequel on n'a pas la main.
- Mai 68 et les années qui ont suivi : les avancés sur les conditions des travailleurs. Les exploitants agricoles doivent payer les aides bergers au smic, les jours de congés, les heures sup, puis les 35 h. Avant les aides bergers étaient nourris, logés et avaient un petit revenu. Il y avait beaucoup de jeunes placés ou des handicapés mentaux légers. Résultat, les exploitations peuvent plus salariés des aides bergers et se retrouvent tout seul.
- En échange des 2 apprentis barbouzes du RaimboWarrior, l'état français ouvre ses frontières aux moutons néo-zélandais. Au marché du Havre, la viande de mouton congelé chute jusqu'à 40 %. Les industriels et la restauration achètent du mouton congelé plutôt que du mouton frais.
Résultat produire plus à moindre cout pour le pastoralisme (troupeau plus grand et moins de présence humaine en montagne à cause des travaux à la ferme à faire et plus de sous pour se faire aider)
- L'amélioration des conditions des agriculteurs. : Madame comprend pas pourquoi son mari rentre pas le soir alors que le voisin céréalier ou laitier y arrive et de plus en plus de femmes d'agriculteurs travaillent à l'extérieur au lieu de garder les moutons.
- De plus en plus de concurrence en France. Les norme sur la production de lait a conduit de nombreux agriculteurs à passer à la viande. Dans des régions ou il y n'avait pas de traditions d'élevages ovins (En Haute Auvergne le mouton était le bétail du moins que rien), les vaches laitières sont redescendus autour des fermes et on a mis des moutons à leur place dans les "Montagnes".
Par rapport à l'Europe du Sud,où il y a une tradition de pastoralisme laitier, la France était déjà affaiblie avec un pastoralisme à viande (plus value plus faible, plus sensible à géopolitique).
Avant le Loup, c'était les camions de viande ovine néo zélandaises qui servaient de défouloir aux éleveurs ovins exaspérés.
Après on a deux choix.
- On garde ce pastoralisme pour la sauvegarde des paysages, nos chemins de randonnée, la biodiversité et on le subventionne, avec nos impots aux travers de subvention ou avec nos assiettes en acceptant de payer le vrai prix des produits agricoles français.
- On laisse disparaitre le pastoralisme et tout ce qui va avec et on aura 2 France : un France rurale retournée à l'avant Moyen age, avant que les moines ne la défrichent et une France goudronnée se nourrissant de produits alimentaires Nord et Sud Américains (avec la qualité sanitaire qu'on leur connait).
En l'ENSA, on nous parlait de 2 agricultures au XXIème sc :
- l'agriculture industrielle productiviste capable de se battre à armes égales avec les Sud et Nord américains, et qui passeraient par la concentration des exploitations pour rationaliser les coûts de production dans les régions agricoles à haut rendement (Beauce, Bretagne, Normandie...) avec une agriculture raisonnable (maitrise des intrants grace aux avancés technologiques et notamment informatiques).
- l'agriculture aménageur de l'espace, sauvegarde du patrimoine naturel..., (l'agriculture de montagne ou l'agriculture bio) qui deviendrait des fonctionnaires-jardiniers-agriculteurs des espaces fragiles pour éviter leur mise en friche et la disparition des paysages ruraux français.
On est pas loin des visions des illuminés de la chaire d'éco rurale de l'ENSA.
Et le loup (et autres grands prédateurs) sera à intégrer à ce modèle d'agriculture aménageur de l'espace rural.
Sauf qu'aujourd'hui, on demande à une agriculture dépassée d'être concurentielle avec les ranchs néozélandais ou les hacienda argentines ou chiliennes. Y a de quoi être à cran et en vouloir à la terre entière, notamment au loup ;-)