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Auteur Sujet: La psychologie de l'homme (presque) égaré  (Lu 12248 fois)

22 septembre 2006 à 21:40:57
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kartoffel


Un sujet qu'on n'a jamais abordé et qui est pourtant passionnant s'il est bien traité (et nous afons les moyhens de pien fous traiter !) : qu'est ce qui se passe dans la tête du mec qui est en train de se perdre ?

Je peux raconter deux trois petits trucs dessus, mais je crois qu'on a un ou deux mecs qui sont vraiment calés pour bien en parler ;)
Alors j'amorce juste un peu le sujet... en espérant que ça suivra :)

La plupart des gens visualisent spontanément un chemin en une dimension, comme une succession de points de repère à franchir. Ce chemin s'effectue bien sûr en réalité dans deux voir trois dimensions, mais si nous ne nous exerçons pas un peu à développer cette faculté nous pouvons avoir du mal à bien sentir la deuxième dimension, et encore plus la troisième, suffisamment bien pour les exploiter à des fins d'orientation instinctive. Par exemple, quand je suis arrivé à Paris, les premiers jours je savais aller de chez moi à l'école et de chez moi au resto-U, mais au tout début il m'aurait été bien difficile de concevoir sans plan la direction à prendre pour faire le trajet de l'école au resto-U.

A force de pratiquer un endroit, on a l'impression de mieux en mieux le connaître. Cette impression ne veut pas forcément dire que nous le sentons mieux en deux dimensions ; elle veut juste dire que nous connaissons de plus en plus de points de repère, et que nous sommes capables de créer mentalement des enchaînements de points de repère pour aller d'un endroit à un autre.

Si en allant d'un point de repère à un autre nous faisons fausse route et que le checkpoint que nous espérons consciemment ou non ne s'annonce pas, nous risquons d'être désorientés. En ville on retombe vite sur ses pattes, mais dans la nature, dans un coin mal ou moyennement bien connu, sans carte ou instrument ou sans instinct en deux dimensions, l'orientation commence alors à devenir un travail à part entière. L'objectif immédiat n'est alors souvent plus d'arriver à destination, mais juste de retrouver un quelconque point de repère connu qui permettra à nos faibles capacités de servir à nouveau à quelque chose.

Malheureusement, avant d'accepter que nous sommes égarés et de nous atteler à retrouver un point de repère quelconque, beaucoup d'entre nous entrons dans une zone de flottement où nous refusons un peu la réalité et allons essayer de la faire concorder avec nos désirs. Le stress commence à s'insinuer doucement dans notre ventre. Nous allons nous obstiner dans une décision, ou nous noyer dans la confusion.
C'est certainement la phase la plus dangereuse, parce que dans l'obstination on peut devenir complètement con et oublier les principes élémentaires de prudence et se mettre dans des états bien piteux ; j'ai encore vu il y a quelques temps deux mecs qui se sont collés dans un sérieux début d'hypothermie parce qu'ils pensaient que "la cabane n'est pas très loin" et se persuadaient qu'ils n'avaient pas besoin de passer leurs ponchos malgré une pluie saisissante mêlée de neige, parce que pour se rassurer ils se convainquaient qu'ils seraient très vite au chaud et au sec.

Aussi il est bien important de prendre sur soi pour se rendre compte que nous flottons dans le doute, et prendre alors une décision bien simple : dire STOP. S'arrêter, réfléchir (qu'est-ce que j'ai fait ? quel repère connu ai-je vu en dernier ? quels repères inconnus ai-je vu depuis ? depuis combien de temps suis-je perdu ? combien de distance ai-je parcouru ? puis-je revenir sur mes pas ?...). Selon le climat, l'environnement, et notre niveau de préparation, la situation de survie peut commencer à nous guetter vicieusement dans un coin...

Prendre alors une décision en fonction des nouvelles données. Bien sûr, une bonne carte topographique et des instruments d'orientation adéquats simplifieront ENORMEMENT le travail et participent en ce sens vraiment à la prévention des situations dangereuses. Soit on est raisonnablement sûr de retrouver son chemin dans les temps, soit la météo ou la nuit nous guettent et il faut envisager de s'installer proprement sur place.
Si l'orientation n'est pas certaine mais que nous avons le temps et les éléments devans nous, nous allons essayer de retomber sur nos pattes. Essayer de retourner sur nos pas si c'est facile (si cela consiste à suivre un sentier par exemple), ou adoter une autre des 9 grandes stratégies d'exploration.

Seulement voilà, je ne connais pas par coeur ces neuf attitudes ni leur taux de succès statistique, c'est pourquoi là je vais laisser le spécialiste s'y coller  ;D

S'il ne le fait pas, promis, je tricherai et j'irai piquer un peu dans la source documentaire pour finir proprement le sujet...
« Modifié: 22 septembre 2006 à 22:14:08 par kartoffel »

22 septembre 2006 à 23:20:41
Réponse #1

DavidManise


Le spécialiste, c'est Kenneth Hill ;)

Il existe, dans le monde, peu de scientifiques spécialistes du comportement des personnes perdues. L'un d'eux, c'est justement Kenneth Hill. Kenneth Hill enseigne la psychologie à l'Université St-Mary's à Halifax, en Nouvelle-Écosse (une des provinces maritimes du Canada). Depuis plusieurs années, le docteur Hill s'est intéressé à la manière dont les gens situent leur position dans l'espace, mais c'est à l'occasion de la disparition d'un jeune garçon, en Nouvelle-Écosse, qu'il a été pour le première fois ammené à réfléchir sur le sujet du comportement des personnes perdues. Les équipes de recherches, qui cherchaient déjà le jeune garçon sans succès depuis plusieurs jours, avaient contacté le docteur Hill pour lui demander des conseils sur le comportement prévisible du jeune garçon égaré, dans le but, évidemment, d'accélérer les recherches. Cherchant le jeune garçon sur le terrain pendant la journée, le docteur Hill passait ensuite ses nuits à feuilleter la littérature scientifique dans l'espoir de trouver des indices, des études scientifiques ou des pistes de réflexion qui auraient pu aider les équipes de recherches à retrouver le gamin. Sans succès. Ces données n'existaient tout simplement pas dans la littérature scientifique à l'époque.

Plusieurs jours après la disparition du petit Andy, des sauveteurs l'ont retrouvé... mort d'hypothermie dans la forêt. Ce fut un choc brutal pour les très nombreux sauveteurs bénévoles ayant participé aux recherches, et peut-être encore plus pour le docteur Hill lui-même, qui s'est par la suite plongé avec détermination dans cette problématique. Accumulant, au fil des ans, des centaines d'études de cas, interviewant les personnes retrouvées, développant des ensembles statistiques de plus en plus complets, et étudiant de près les systèmes cognitifs qui déterminent le comportement des gens perdus, Kenneth Hill a particulièrement bien cerné le problème. C'est notamment son travail qui permet maintenant aux équipes de recherche et de sauvetage de Nouvelle-Écosse (dont il fait d'ailleurs partie intégrante aujourd'hui, à titre bénévole) de compter parmi les plus efficaces du monde. Et son travail fait désormais des petits, alors que de plus en plus d'équipes de recherche et secours, aux États-Unis et au Canada, s'intéressent à ses méthodes et les utilisent sur le terrain avec des taux de réussite qui parlent d'eux-mêmes.

9 tactiques courantes pour retrouver son chemin

Selon Kenneth Hill (Lost Person Behavior, 1998), les personnes perdues utilisent neuf types de tactiques plus ou moins efficaces pour retrouver des balises connues et ainsi être en mesure de reprendre le fil de leur progression. Je les reproduis ici avec la permission de l'auteur (en plus il est sympa...) :

Déplacements aléatoires : Complètement désorienté, et dans un état d'anxiété souvent intense, la (ou les) personne(s) perdues recherchent un point de repère ou un endroit qui semble familier de manière totalement aléatoire. La plupart des gens commencent par là, marchant généralement à une vitesse élevée et en suivant un chemin de moindre résistance (évitant les obstacles, descendant plutôt que montant, etc.). Cette méthode n'est évidemment pas très efficace, et elle suffit d'ailleurs très souvent à se perdre complètement alors que la personne n'était jusqu'alors que désorientée. Selon sa durée, cette phase épuise plus ou moins la personne égarée sans que la dépense d'énergie n'apporte le moindre bénéfice. Heureusement, la plupart des adultes réussiront à se calmer et à mettre en branle une tactique plus efficace pour retrouver leur chemin. Seuls de rares individus (notamment quelques enfants d'âge scolaire s'étant perdus seuls) continueront à se déplacer ainsi de manière aléatoire tout au long de leur séjour forcé dans la nature.

Suivi d'éléments linéaires : La personne perdue, à force de se déplacer de manière aléatoire, peut tomber sur un élément linéaire quelconque, qu'elle suivra sans savoir où cela pourra la mener. En France métropolitaine, peut s'agir de sentiers ouverts par les animaux sauvages, de bouts de vieux sentiers abandonnés, de sections de clôtures oubliées (parfois depuis plusieurs décennies), de lignes de crête, de petits ruisseaux... La personne a ainsi l'impression d'être plus méthodique dans sa tentative de retrouver son chemin, mais dans les faits ce type de tactique est relativement inefficace. Souvent, arrivant dans un cul de sac ou débouchant sur un marécage isolé, une barre rocheuse, etc. la personne perdue reprend tout simplement un mode de déplacement aléatoire, à la recherche d'un autre élément linéaire à suivre au hasard (ou d'une meilleure idée). Ce genre de tactique, guère plus efficace que les déplacements aléatoires, est souvent une option retenue par les enfants de moins de douze ans.

Marche en ligne droite : Convaincue du fait que son salut se trouve dans une direction donnée, la personne qui emploie cette tactique se fixe un azimut et marche en ligne droite dans cette direction. Il n'est pas rare qu'elle croisent, ce faisant, des pistes, des voies ferrées, des champs cultivés ou même des jardins privés, attenants à des maisons, et qu'elle les dédaigne parce qu'ils ne sont pas « la bonne direction ». Ce genre d'entêtement complètement surréaliste est souvent commis par les personnes souffrant d'un excès de confiance dans leurs capacités à s'orienter, et qui considèrent comme honteux de se retrouver ainsi perdu dans la nature. C'est aussi ce genre d'entêtement qui mène beaucoup de chasseurs expérimentés dans les parties les plus reculées et les plus denses des forêts, partout dans le monde, forçant les équipes de recherche à parcourir des kilomètres dans les pires conditions pour les retrouver. On a également vu ce genre d'entêtés se cacher des équipes de secours, ou refuser leur aide en disant « non merci, tout va bien »... alors qu'ils étaient visiblement épuisés, et qu'ils se trouvaient ainsi seuls et sans équipement à des kilomètres de toute voie d'accès et de tout sentier... Évidemment, ce genre de comportement correspond aussi à un état d'anxiété élevé, ce qui explique les comportements parfaitement incohérents qu'on observe.

Exploration systématique : la personne égarée choisira un point de repère fixe. Gardant son point de repère en vue, elle s'éloigne progressivement dans plusieurs directions à la recherche de quelque chose de familier, et revenant systématiquement à son point de repère entre chaque segment d'exploration. S'il arrive que la personne perde son point de repère, elle repassera souvent par une phase d'exploration aléatoire, puis pourra trouver un nouveau point de repère convenable et recommencer l'exploration systématique. Cette méthode est beaucoup plus efficace pour retrouver un endroit familier. Elle offre aussi l'énorme avantage de ne pas trop s'éloigner de son point d'origine, ce qui facilite le travail des sauveteurs.

Exploration systématique de sentier/route : la personne, croisant un sentier ou une route, utilisera une intersection pour sonder chaque direction de manière systématique, en revenant à l'intersection entre chaque segment d'exploration. On peut ainsi espérer trouver un panneau ou des indices permettant de retrouver son chemin. En l'absence de tout indice, la personne égarée pourra revenir à son intersection « repère » pour repartir ensuite plus loin dans chaque direction. La présence d'un sentier a quelque chose de rassurant et les personnes qui trouvent un sentier n'auront généralement pas envie de le quitter, préférant plutôt l'explorer à fond, quitte à y passer beaucoup de temps.

Recherche d'une vue d'ensemble : en forêt, notre champ de vision est souvent limité à un rayon de quelques mètres, aussi une tactique souvent employée par les personnes égarées est de rechercher un endroit d'où elles pourraient voir une vue d'ensemble du territoire. Beaucoup de gens se retrouvent donc à grimper dans les arbres, ou à escalader les collines ou les montagnes dans le but de voir où ils sont. Cette tactique, bien qu'elle puisse être efficace, reste risquée. Beaucoup de sujets, en effet, se blessent de cette manière.

Retour sur ses pas : une fois égarée, la personne tente de revenir sur ses pas. Cette méthode peut être très efficace, sur sentier, si la personne a la patience de l'employer (elle peut d'ailleurs se coupler à l'exploration systématique sur sentier). Hors des sentiers, seules les personnes sachant lire les pistes peuvent revenir sur leur pas efficacement. Cela reste une technique longue et difficile à maîtriser, et donc statistiquement peu significative (peu de gens dans le monde savent réellement pister).

Sagesse populaire : la sagesse populaire nous offre bon nombre de « faits » plus ou moins véridiques qui doivent théoriquement nous aider à retrouver notre chemin. L'un des plus courants est « les cours d'eaux mènent toujours à la civilisation ». Ça n'est pas toujours vrai. Bon nombre de ruisseaux ou de cours d'eau se terminent simplement dans des marécages perdus, ou dans des vallées encaissées, alors que d'autres prennent tout bonnement des chemins souterrains pour ressortir quelques kilomètres plus loins... D'ailleurs, quiconque a déjà pratiqué le canyoning sait que la berge de certains petits ruisseaux, qu'ils mênent ou non à la civilisation, peuvent largement justifier l'utilisation d'équipement d'escalade... Bref, la sagesse populaire n'est pas toujours très sage.

Ne pas bouger : c'est la méthode qui est recommandée par la plupart des programmes de sécurité dans la nature, et elle fonctionne généralement bien dans la mesure où l'on a prévenu au moins une personne fiable de notre départ. Une fois égarée, la personne attend simplement les secours, qui viennent plus ou moins rapidement selon la situation. Malgré l'efficacité prouvée de cette tactique de réorientation, très peu de gens l'utilisent. Parmi plus de 800 cas étudiés par Kenneth Hill, seules deux personnes l'ont employée. Or, s'il est vrai que la plupart des sujets sont effectivement retrouvés immobiles (surtout après avoir été égarées plus de 24 heures), c'est surtout à cause de l'épuisement ou à cause de blessures... Chaque pas de plus dans une direction incertaine est, par ailleurs, une dépense d'eau, d'énergie et de ressources précieuses. Selon le type de terrain ou les conditions météos, chaque pas de plus peut aussi être un risque ! Bref, chaque pas est une sorte d'investissement, et ce genre d'investissement, avant d'être tenté, doit avoir des chances raisonnables de rapporter plus qu'il ne coûte, sans quoi il convient de faire comme la plupart des banquiers... et de ne pas tenter le coup si on n'est pas sûr que le jeu en vaut la chandelle.

Le role de l'anxiété

En nous voyant perdus dans la nature, notre niveau d'anxiété augmente très souvent au point de nous faire perdre une bonne partie de nos moyens. Or, si un léger stress stimule l'intelligence et mobilise les ressources de l'organisme, un stress trop important nous diminue mentalement (pour plus de détails à ce sujet, voir « L'effet chimpanzé »). C'est sans doute l'une des raisons qui font que, se rendant compte du fait qu'ils sont plus ou moins égarés, pratiquement tous les sujets accélèrent le pas, et cessent de naviguer efficacement. Pratiquement personne ne s'arrête ou ne fait demi-tour pour revenir sur ses pas alors qu'il en est encore temps. De même, pratiquement tout le monde déploie une énergie folle à essayer de s'en sortir coûte que coûte par ses propres moyens... parfois au péril de sa vie. Perdant peu à peu nos facultés cognitives, nos réflexes conditionnés prennent le relais, et c'est notre corps, notre « mémoire musculaire » qui se trouve soudainement aux commandes bien plus que notre intellect.

Laurence Gonzales, dans son excellent livre « Deep Survival » raconte ainsi (chapitre neuf, pages 142 et les suivantes) l'histoire d'un pompier et ex-militaire américain nommé Ken Killip, qui a ainsi passé deux jours et deux nuits à marcher sans manger et pratiquement sans boire, à la recherche « du lac qui devait être juste un peu plus loin ». Essayant frénétiquement d'atteindre son objectif, Killip s'est ainsi retrouvé — à force d'entêtement et sous l'emprise de son anxiété — dans une situation vraiment extrême. En état d'hypothermie, complètement épuisé et déshydraté, s'accrochant désespérément à un arbre dans une pente glacée... avec des blessures relativement graves à l'épaule, au genou et aux deux chevilles, il a soudain retrouvé ses esprits et accepté le fait que oui, il était bel et bien perdu et qu'il devait penser à sauver sa vie avant de retrouver son chemin.

Dans son sac à dos, Killip avait, depuis le début, de quoi faire du feu, de quoi stocker de l'eau, manger et s'abriter, mais l'urgence de retrouver un point de repère tangible avait été la plus forte. Et c'est seulement après deux jours de marche forcée (et employant tour à tour plusieurs des tactiques décrites plus haut... sauf la dernière qui consiste à rester sur place !) à travers les montagnes du « Rocky Mountain National Park » que Killip, déjà en très mauvais état, a commencé à poser les actes qui lui ont finalement sauvé la vie. Rampant prudemment vers un cours d'eau, il a d'abord pris le temps de boire, puis a soigné ses blessures tant bien que mal, et il s'est préparé à rester en vie en attendant les secours... Bref, il a fait ce qu'il aurait dû faire deux jours plus tôt, alors qu'il était encore en bonne santé, et tout près du sentier sur lequel il devait se trouver (ce qui aurait grandement facilité les recherches). Ken Killip, un homme d'expérience et qui avait, en prime, suivi des cours de survie pendant sa carrière militaire, est ainsi resté pendant deux jours et deux nuits épuisantes dans « le monde du flottement » avant de revenir sur terre et de poser les actes concrets qui lui ont permis de raconter son histoire aux sauveteurs, quelques jours plus tard. Sans ce sursaut de lucidité, Killip serait tout simplement mort aujourd'hui.

Il n'existe que deux portes de sortie au « monde du flottement ». L'une d'elle est le simple fait de s'arrêter, de se calmer en utilisant la technique qui nous convient le mieux, et de faire le point objectivement, à l'aide d'une carte et d'une boussole ou d'un GPS. C'est dans ce genre de situations que le fait de savoir bien lire une carte, et que des notions ésotériques comme la triangulation et la déclinaison magnétique s'avèrent extrêmement utiles... Et si tout ça n'évoque rien de parfaitement précis à votre esprit, je ne puis que vous recommander de lire sur le sujet, et de suivre un cours sur le terrain avec des gens qualifiés. Les clubs de course d'orientation se font de plus en plus nombreux, un peu partout dans le monde. Ils sont généralement capables de vous apprendre les bases de la lecture de carte et de l'utilisation de la boussole, et ils offrent également une occasion en or de pratiquer tout ça dans un cadre souvent très agréable.

Une autre porte de sortie au « monde du flottement » est le fait d'accepter qu'on est perdu(e) et qu'on ne pourra pas retrouver son chemin. En décrétant cela comme un fait (malgré les doutes que cela comporte), nous commençons ainsi à recréer autour de nous un microscosme, une espèce de bulle détachée du monde connu où nous trouverons les éléments indispensables à notre survie. La construction de ce petit monde commence bien souvent par le simple fait d'allumer un feu. Autour de ce feu de camp, nous nous construisons un petit univers de solitude qui s'étoffe au fil des heures. Nous construisons un abri, nous trouvons de l'eau ou un peu de nourriture, et en patientant nous avons tout loisir d'observer notre nouveau chez-nous... Dans ce petit coin de nature qui devient ainsi notre pays d'adoption, le temps que les secours arrivent, nous pouvons survivre très longtemps. Un minimum d'équipement, de compétences et de préparation préalables trouvent ici toute leur utilité. En ayant prévenu quelqu'un de notre départ nous pouvons aussi espérer être retrouvés rapidement (typiquement en moins de 48 heures en France). Notre principale tâche, donc, est à ce moment là de rester en bonne santé en attendant les secours. Cela veut dire, avant tout, conserver notre température corporelle, rester hydratés et nous préparer à signaler notre présence aux équipes de recherche.

Ciao ;)

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

23 septembre 2006 à 09:18:59
Réponse #2

Pierre


Salut,

Sujet fort intéressant, ma foi  ;D Potentiellement WIKI

Deux annecdotes pour illustrer les comportements qu'a cité David : Les situations étant beacoup moins graves que les cas cités

La première :

Un fois je me suis perdu en forêt, en allant chercher des champignons, un matin de bonne heure. Au lever du jour, le ciel était clair, donc je quitte un chemin et pars en pleine forêt... puis sans que je m'en rende compte, le brouillard tombe . Comme ..manque de bol  ;D, je trouvais ces champignons convoités, je n'arrétais pas de me baisser à genoux dans un sens puis l'autre et au bout d'un moment je me relève et là je réalise 1) que je suis dans la brouillard 2) que je suis bel et bien paumé  :o  Connaissant, la forêt et n'étant pas très loin de chez moi, je n'avais évidemment pas pris de boussole  :down:.

Et là, c'est vrai que le sentiment d'angoisse qui monte et fait perdre ses moyens est terrible. Tout défile dans la tête sauf les choses essentielles : je pense à toutes les erreurs que j'ai faites en m'autoflagellant, j'imagine les pires conséquences... et le tout très vite. Jusqu'à ce que je me secoues, en me disant "de toute facon la partie de la forèt ou tu es n'est pas si grande", en essayant de visualiser de mémoire, la carte du coin, la forme de la foret, ce qu'il ya autour... Et puis départ dans une direction au hasard en prenant des repères garder toujours la même direction jusqu'a ce que j'arrive à un coupe de bois avec une allée puis, suivre l'allée avec les traces, puis lisière de forêt, champs et là ca y est je reconnais  :) sauvé.
Bilan : retour avec 2/3 h de retard, une bonne remontée de bretelles et sur tout une bonne lecon : je ne pars plus jamais en forêt sans la carte et une boussole.


La deuxième:

Ca se passe en Sologne: forêts immenses toutes privées avec juste des chemins communaux pour les traverser. Je pars faire une rando avec une carte d'un circuit trouvé dans un Syndicat d'initiative: là au moins je suis ûr de ne pas me retrouver en face d'un propriétaires en plein milieu de ses terres. Mais comme ca se passe souvent par la bas, certains chemins communaux ne sont plus entretenus ou barrés volontairements, des pancartes charmantes posées sur tous les arbres, les balisages effacés ...  Bref après deux ou trois carrefours paumé en plein milieu d'une propriété privée . Je n'avais pas quitté les allées et je voulais terminer ma rando et ne pas revenir en arrière. Donc au carrefour suivant avec la carte 1:25000 J'ai pris la boussole , le cap des allées et en reportant sur la carte, retrouvé ou j'étais. Puis ensuite tiré en ligne drote pour retrouver une grande allée faisant partie du circuit

Ce sont deux cas que j'ai volontairement choisi pour leur grande banalité, mais simplement pour illustrer le fait que comme toujours, il vaux mieux prévenir que guérir : une carte et un boussole ca rassure et c'est efficace, et surtout que, pour en revenir à la psychologie de l'homme égaré..., la bascule vers l'angoisse, la panique et la perte des moyens peut arriver très vite, à quelques km de chez soi , et pas qu'aux autres .

A+
Pierre

23 septembre 2006 à 09:28:49
Réponse #3

bison solitaire


J'ai retrouvé ça dans l'ancien forum...

 "Bon je me trouve un peu prétentieux de poster ça dans "survie dans la nature", mais bon...
 
les annotation pour l'instant on s'en fout.
C'était une balade du côté des forêts de Troyes.
Pas de difficulté, que du plat.
Une carte neuve achetée IGN... pas pas à jour du tout.
La boucle en rouge, c'est lorsque je me suis dit "ben on n'est plus très loin, on trace tout droit"... et en moins d'une heure on était revenu sur nos pas.
Le P indique un parking où j'aurais sans doute du prendre un azimut, même si ça ne me semblait pas compliquer. Parce que franchement c'est une balade tout ce qu'il y a de plus basique.
 
On peut voir aussi que le parcours en rouge passe dans l'eau, pourtant c'était de la terre ferme.
Sur un carte routière Michelin 2002, ce lac n'existe pas.
Dernière mise à jour de la carte IGN (je le rappelle acheté neuve!) était de 1991.
La balade est restée simple mais beaucoup plus longue.
J'en ai profité pour amorcer un feu à l'aide de la scie d'un leatherman et d'un bloc magnésium avec ferrocénium. Pas de difficulté une fois que j'ai compris qu'il fallait que je m'abirte du moindre petit vent.
Cela dit mon allume feu n'était pas de super qualité (un emballage de baguette)."


La petite boucle: ben j'étais certain d'aller tout droit... :-\

23 septembre 2006 à 09:37:54
Réponse #4

Pierre


Une carte neuve achetée IGN... pas pas à jour du tout.
Et oui ca m'arrive malheuresement aussi régulièrement mais pas à ce point là .

La boucle en rouge, c'est lorsque je me suis dit "ben on n'est plus très loin, on trace tout droit"... et en moins d'une heure on était revenu sur nos pas.
Le P indique un parking où j'aurais sans doute du prendre un azimut, même si ça ne me semblait pas compliquer. Parce que franchement c'est une balade tout ce qu'il y a de plus basique.
Tu avais donc une boussole ?


La petite boucle: ben j'étais certain d'aller tout droit... :-\

Et oui comme quoi on est très vite abusé .... et perdu

A+
Pierre

23 septembre 2006 à 10:45:47
Réponse #5

Diesel


2 petites anecdotes en vitesse toujours pour illustrer (ce forum  :love: me bouffe trop de temps, il me faut un vaccin  rhâââââ)  ::)

J'étais parti pour une rando en moyenne montagne à 60 de kilomètre de chez moi,
Arrivé là-bas, brouillard, pluie fine, pas de quoi me rebuter, j'ai toujours eu une attraction particulière pour ce genre de temps, ce mélange de déprivation sensorielle, de solitude m'a toujours attiré ... ;D

Je me mets en marche. Avec l'altitude le brouillard se fait plus épais mais je suis un chemin que j'ai déjà parcouru, je ne jette même pas un coup d'oeil à la boussole. Je sais qu'il y a un passage qui me fait grimper inutilement à un sommet puisque que ce n'est qu'un point de vu.
Je décide donc de le contourner pour rejoindre le chemin. Ce n'est pas un grand détour, à peine ½ heure de marche, je choisis donc cette option toujours sans un oeil sur la boussole. ::)
Les 30mn passent sans croisé ce chemin. Bah, la notion de temps est très élastique surtout dans ces condition, je ne me pose pas plus de question que ça ....... Je sens que quelque chose cloche, je marche depuis trop longtemps déjà, j'aurai du le croisé ce chemin mais je m'obstine.
Je marche persuadé d'être dans la bonne direction, faisant fi de ce malaise grandissant, signal pourtant clair que je suis en train de me perdre. Vu le temps passé à marcher, j'aurai déjà du croiser 10 fois ce chemin mais je poursuis sans même chercher à regarder ma boussole pour avoir une vague indication de la direction prise quand soudain, c'est le choc : je suis juste au dessus d'une barre rocheuse. Je reste incrédule devant cette découverte. Je fouille dans ma mémoire pour savoir ou peut bien se situer cette obstacle. En vain, car il n'y en a pas de ce coté ci du parcour.
Je pense enfin à prendre ma carte et à essayer de faire le point. Il y a bien une barre comme celle là mais à l'opposé et à quelque kilomètre d'où je me trouve. Je n'y comprend plus rien, je regarde, incrédule, ma carte sans expication quand le brouillard se déchire un peu me laissant apercevoir une ville quelques centaines de mètres en contrebas. Une ville ici ?. Impossible. :o
Il me faudra 5 bonne minute pour me rendre compte que cette ville est mon point de départ.
Je suis resté persuadé tout le long d'être dans la bonne direction sans même avoir le bon sens de m'avouer que j'étais perdu.

Deuxième histoire, toujours dans le brouillard, Je ne me suis pas seulement égaré dans ces conditions mais il y a un rapport spécial entre le brouillard et moi .... J'ai aussi de très bon souvenirs avec lui (sensations, animaux que j'ai pu approcher de très près, disparition inexpliqué de belle mère, etc .....) ;)

C'est le deuxième jour d'une rando dans les Pyrénées. Après une nuit dans un refuge (et une bataille à grand coup de chaussure lancé au hasard contre un rongeur grignotant durant la nuit le papier d'aluminium protégeant mon saucisson) je repart le matin sous un brouillard tenace. Je ne connais pas la région, je regarde donc attentivement le chemin à suivre......
A un croisement, petite incertitude sur le chemin à suivre. Je n'ai pas trop fait attention au temps passé à marché, je n'ai donc pas une estimation de la distance parcouru.
Normalement ce chemin mène au col, il est clairement indiqué sur la carte et semble coller à l'azimut de la carte. Je le prends donc. Je m'inquiète très vite de l'absence de cairns, et peu de temps après, je conviens que je me suis trompé de chemin.
J'ai bien grimpé et je n'ai aucun envie de de faire demi tour (c'est ce que l'on appelle un "déni tour" en jargon métaphysiquo/randonneur ;D). J'ai une idée assez précise de l'endroit ou je je suis trompé et de mon point de destination. Je prend ma carte, je calcule l'azimut à suivre, ce qu'il me reste à monter avant d'attendre la crête  A 200m près je sais ou je suis, je décide de continuer en hors piste. Ce lac, qui est mon point de chute, est de l'autre coté. Je le sens presque à travers le brouillard.
Je ne peux pas me tromper. Il sera, non il est là. Je grimpe un oeil sur le sol l'autre sur la boussole pour ne pas perdre la bonne direction puisque que suis obligé de faire des lacets le long de la pente.
J'arrive enfin sur la crête, je me pose quelque minutes pour souffler quand le brouillard se déchire, comme fait exprès, pour me laisser admirer quelques secondes ce fameux lac exactement à l'endroit que je visualisais. 8)
« Modifié: 23 septembre 2006 à 11:09:49 par Diesel »

18 août 2009 à 21:03:23
Réponse #6

Slyvestre


Je déterre le sujet pour posté aussi une anecdote sur ce super sujet. Je suis assez fier de dire que j'ai utilisé la technique du "pas bouger" quand je perdais un enfant de mon groupe en colo. Dans les lieux très fréquentés où le groupe (8 à 10) se dispersait sans cesse du fait de la foule nous entourant, je leur disait de ne pas paniquer et d'attendre s'il perdait le groupe. 9a à toujours super bien marché, il était rassuré de ne rien avoir à faire s'il était perdu, juste attendre. Il ne paniquait et je les retrouvais très vite. Je ne les perdais pas souvent mais parfois c'était inévitable.

Quand je me perdais en rando je ne réagissais aussi bien pour moi. Je marchais généralement, je ne restais pas sur place. Je me rend compte que je ferais mieux d'appliquer à moi même ce que je disais aux enfants !! Etais-je trop sûr de moi quand je me perdais et les responsabilités d'animateur me faisais être plus consciencieux et raisonné.

J'en ai pleinement conscience maintenant. :up:

19 août 2009 à 11:12:37
Réponse #7

Moleson


Ce que je trouve intéressant et probablement le plus important:

Si l'on sait que l'on a la capacité de passer une nuit, voire plusieures nuits sur place on aura probablement la capacité de concevoir calmement un plan pour retrouver le chemin.
Par contre si on a l'impression que l'on doit retrouver le chemin rapidement (par exemple avant la tombée de la nuit) on va probablement tout faire faux.

Ce qui veut dire pour moi (j'ai toujours un poncho et suffisamment de vêtement chauds pour pourvoir dormir, un minimum à manger et de quoi faire un feu).

En annexe si je pars en montagne, j'ai toujours un GPS, une boussole et une carte avec moi (je me suis perdus 1x à l'âge de 20 ans en Montagne en raison d'un épais brouillard, avec dévarapage dans une paroi de pierres pourrie et 30km à contourner le massif montagneux par la base, pour retrouver la voiture: ça ma définitivement guéris de partir avec plus ou moins rien dans le sac)


Moléson

19 août 2009 à 19:22:41
Réponse #8

jeremy


Salut,

Un super fil de discussion super instructif que j'avais loupé!
Merci au déterreur ;)

Un excellent lien video sur le sujet:
http://video.google.com/videoplay?docid=-8605845187768600920

C'est une vidéo de Michel Blomgren, Excellente série de vidéos traitant de survie s'il en est.

J'adore son STOP seat Think Orient and Plan.

Je l'applique à chaque fois que je suis égaré. Le fait d'en avoir sous le pied (j'entends par là pouvoir dormir sur place si besoin est, avoir du matos fiable et allweather, les skills) permet d'être beaucoup plus réfléchi en cas d'égarement. En tous cas en ce qui me concerne. Je ne stresse donc plus jamais pour ça en balade depuis que je traîne sur le forum. Avant, il fallait ABSOLUMENT rentrer avant la nuit!!!!  ;D Parceque pas de matos, pas de conaissance, peur de l'hypothermie, de la chute... Ce qui n'aide pas à réfléchir.

Je t'ai déjà dis merci pour ça David au fait? Ouai, ben je te le redis quand même hein  ;)

Bien à vous,

 :)

Jérémy

I see in your eyes the same fear that would take the heart of me. A day may come when the courage of Men fails, when we forsake our friends and break all bonds of fellowship, but it is not this day. This day we fight!

19 août 2009 à 19:42:51
Réponse #9

DavidManise


Je t'ai déjà dis merci pour ça David au fait? Ouai, ben je te le redis quand même hein  ;)

Venant de toi ça me fait doublement chaud au coeur.  Et merci à toi pour plein de trucs, des tests d'eau aux articles sur la maladie de Lyme etc.

C'est vrai qu'il est bien ce fil.  Vraiment bien.  Un des meilleurs du forum je pense.  Ceux qui l'ont pas lu, lisez-le ;)

Ciao ;)

David
"Ici, on n'est pas (que) sur Internet."

Stages survie CEETS - Page de liens a moi que j'aimeu

19 août 2009 à 20:57:38
Réponse #10

jilucorg



20 août 2009 à 12:34:13
Réponse #11

Bison


Bonjour,

Ma petite contribution à ce post super intéressant.
Suite à la relecture d'une trop longue et ancienne discussion sur RL . (Cette discussion s’est enlisée après le post # 86 …)

PREMIÈRE PARTIE :

À cette discussion participaient surtout des membres « solides » en matière de rando et d’orientation. Y compris un initiateur en montagne, un AMM et un ingénieur bourlingueur « bien connu de nos services ».
Les choses sérieuses ont commencé au post # 13 avec un compte rendu de lecture d'un bouquin recommandé par un randonneur expérimenté (Carn-m-d) :  « Finding your way without map and compass" de Harold Gatty.
Dans ce bouquin, on trouve donc l’explication de la déviation naturelle de la marche (sans auncune visibilité la plupart des gens font demi tour sans s'en rendre compte en 30 minutes de marche  )

Quelques premières réactions  (Highpictv, Oli_v_ier) :
 - « Moi cela m'est arrivé, cela fait une drôle de sensation. On se sent complètement perdu, désorienté. On regarde sa boussole comme un con et on comprend pas comment on en est arrivé à marcher dans le sens contraire   »
 - « Je sors la boussole […] la direction qu'elle m'indique est écartée de 120° de celle vers où je pensais devoir aller... ! 1er reflexe, je me suis dit: "mince la boussole déconne...".

Et un témoignage tout personnel :
Citation de: Bison
C'est ce qu'on appelle être "déboussolé", "perdre le nord" ... il y a des expressions, comme celles-là, qui sont tellement utilisées au sens figuré que l'on oublie qu'elles correspondent à du vécu ...

C'est incroyablement perturbant sur le coup ... et cela invite à beaucoup d'humilité ...

Cela arrive aux meilleurs ... même à moi  

Cela m'est arrivé à l'âge de 13 ans, à byclette, dans les sentiers de brousse ... Au bout de deux heures, alors que j'allais faire demi-tour pour prendre le chemin inverse, paf, je déboule sur une route que je connais, toute proche de mon lieu de départ ...

Cela m'est arrivé à 27 ans ... suite à un "radar vectoring" foireux et changement de piste de dernière minute (salut, S205R) ...

Cela m'est arrivé à 58 ans ... à plat, dans nos belles campagnes, en ballade familliale super préparée (carte marquée fluo, boussole, tracé dans le gps - que je venais de l'acheter), super facile. Tellement bien préparée, tellement "évidente", que j'avais la carte en poche, gps dans son étui, boussole dans le sac, et on bavardait. On a raté un point tournant !

Or … j’ai longtemps été persuadé d'avoir tourné, à ce carrefour de chemins de terres …
Après ce croisement manqué, le mauvais chemin avait une topologie semblable au bon chemin ... donc, "tout baignait dans ma tête" pendant un certain temps.

Et puis, ensuite, plus rien ne correspondait plus.
On entrait dans un "mauvais" village.
Je n'y croyais pas! Je n'arrivais pas à y croire! Je me demande parfois si j'arriverai un jour à y croire!
J'ai comparé le nord de la boussole avec le nord du GPS, cela a pris bien dix minutes pour que j'accepte la réalité de ma position!

Pendant que je me prenais la tête, ma femme avait déjà trouvé un panneau indicateur et un horaire de bus ... Quant à mon fils, il en rigole encore!

Et moi, je me console ... l'expérience n'est-elle pas la somme des erreurs ?
Erreurs vécues ... expériences partagées ...

Voici donc un aspect des choses spécifique peut-être aux mecs qui ont déjà une compétence certaine en orientation :  quand ceux-là se trouvent effectivement désorientés, ce n’est pas vraiment la panique, mais bien l’incrédulité qui se manifeste et qui perturbe considérablement le comportement. L’incrédulité, le refus de l'évidence ... auprès de personnes normalement raisonnables, cartésiennes, scientifiques ... c'est quelque chose!

Encore un extrait (Oli_v_ier) :
-   « Il a fallu alors déconstruire toute l'orientation que je m'étais faite en observant les (quelques) indices de mon environnement et me fier à cet unique instrument: pas évident du tout ! »
"Déconstruire" ...  c'est le mot juste. Et ce n’est pas gagné d’avance, en effet!

Bison (à suivre)

Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

20 août 2009 à 13:48:38
Réponse #12

Bison


DEUXIÈME PARTIE - VOCABULAIRE
« Faut voir ce qu'on appelle se perdre ... » (Highpictv)

Oui, il y a différents degrés de perdition ...
J'aime bien présenter les choses par ordre de "gravité".
Proposition :

1. Je suis («simplement ») égaré
 Scénario : 
   - j'ai pris un mauvais chemin,
   - j'ai perdu la trace du sentier,
   - Je ne trouve pas le repère que j’attends
   - je ne retrouve pas le sentier après une petite "excursion" exploratoire ...

Dans ces cas là, on sait approximativement où on est, on a une carte et au moins un moyen d'orientation, ne fût-ce que le soleil ... On est sûr que l'on retombera sur ses pattes, dans 2 heures ou dans 5 minutes.
S'égarer de la sorte fait partie de la rando. A moins d'être vachement concentré à chaque instant, tout le monde s'égare un jour ou l'autre. Il faut savoir réserver la concentration extrême, l'attention de chaque instant, aux situations qui l'exigent.

2. Je suis désorienté

Cela implique un certain état de confusion. Plus ou moins momentané.
Scénario :  à un certain moment on a confondu un repère avec un autre, et on a navigué en conséquence.
Mais on ne s'est pas senti égaré, on a marché en confiance pendant tout un temps, d'autres indices sont venus confirmer que l'on était sur la bonne route (cela peut arriver  ). Tout à coup, la réalité du paysage ne correspond plus du tout à ce à quoi on s'attendait, légitimement, logiquement. Il y a conflit entre la logique interne et la réalité! C'est une situation très troublante!
Il faudra prendre le temps de "retrouver ses esprits". L'entourage peut s'angoisser pendant ce temps et faire ch. ...
Dès que l'on comprend ce qui a du se passer, la situation redevient normale. On peut faire demi tour ou se donner un nouvel itinéraire.
C'est en tout cas une sacrée expérience à vivre!

3. Je suis perdu

= je suis "en perdition", c'est-à dire que je ne maîtrise pas la situation d'une part, et d'autre part que les choses, forcément, tournent mal.

Je ne sais pas ou je suis, je ne sais pas par où aller, je n'ai pas de moyen d'orientation.
Prière :  « Pourvu que l'on vienne à mon secours ... »

C'est le cas des inconscients qui partent sans carte ni instruments, perdent le sentier ou le fléchage, courent dans tous les sens, et se font surprendre par la météo et/ou la nuit.
Un vieux copain a failli y rester ... en ballade familiale raquettes, dans un parc canadien en principe fréquenté, patrouillé et soudainement désert à la tombée de la nuit …

L'état de perdition ... le moral à zéro ... le stress au niveau de la panique ... Etre perdu, c'est tragique.
Oui, en principe, si on garde son sang froid, il y a des trucs pour s'en sortir ... suivre un chemin, un cours d'eau, marcher tout droit (si on sait comment) ...

Le mieux, c'est quand même d'éviter! Il suffit d'une carte, ou un plan ... savoir marcher avec le soleil ou une boussole. Et il n'est jamais superflu d'avoir avec soi de quoi passer une nuit dehors sans mourir de froid ... Mais je crains fort que "garder son sang-froid", ainsi que prévoir le pire, ne soient pas le propre des inconscients concernés.

Egaré - Désorienté - Perdu ...

Il y a aussi :  "se fourvoyer" :  moins grave que s'égarer, moins grave qu' être désorienté. C'est l'erreur initiale : on commence par se fourvoyer, et puis on se retrouve égaré ou désorienté ...
Bison
(À suivre)

Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

20 août 2009 à 14:07:22
Réponse #13

Bison


TROISIÈME PARTIE – LE GROUPE
Discussion sur RL – à partir d’ici
Quelques témoignages (Oli_v_ier, SR208) :
 - « et puis avec les 3 copains pas trop rassurés qui commençaient à se poser des questions, faudrait pas se gourer.. »
 - « les yeux d'un fils qui voit que son père doute »

Se paumer quand on est seul … c’est de la rigolade, ou cela devrait l'être ...
Mais « simplement s’égarer » quand on conduit un groupe !
Voir les gens douter de leur « guide », se lamenter ou donner des avis péremptoires (« Passe moi ta carte, là, je vais te dire, moi, où on est ! »), exprimer des reproches, partir finalement dans tous les sens …
Il semblerait que la dame qui s’est perdue pendant 11 ( ?) jours en début d’été ait juste fait cela :  "aller voir si elle ne trouvait pas un repère un peu plus loin par là" – en s’éloignant du groupe …
Comment gérer le groupe, quand on s'est fourvoyé quelque part ... et que l'on se retrouve égaré, désorienté, perdu? (Voir "Les randonneurs"  ;D )
Il y a eu peu de « réponses » à cette question dans la discussion …
Une suggestion de Simbis :  se poser sous tout bon prétexte pour faire le point.
Bref, « se poser » tout en cachant le problème. Tafdak … mais il y a des limites à ce que l’on peut dissimuler !
Quelques idées perso en la matière : 

a) Au niveau « préventif » - Briefing (très partiel) avant le départ :
Au groupe « On va partir en rando ! C'est-à-dire qu’il y a une part d’aventure et d'imprévu dans la sortie! Par exemple … les cartes ne sont pas toujours justes, on sera peut-être obligé de modifier l'iténéraire ! C’est pas dramatique ! Faites gaffe à ne pas vous tordre un pied et restez groupés »
Aux « proches » ayant des notions d’orientation :  « Dites, je ne suis pas infaillible, hein ! Si vous voyez que je me trompe, si vous pensez que je me trompe … dites le moi ! ». Çà, c’est pour réduire le « gradiant d’autorité » quand on risque de passer pour un expert que l’on n’oserait pas contredire …

b) En situation : 
"Foutue carte! - Va faloir contourner / faire demi tour / marcher hors sentier" (au choix)
Bon, faut tout retracer … profitez de la pause! »

Bref … accuser la carte et donner l'impression que l'on maîtrise la situation absolument, que ce n’est pas la première fois, que la solution est déjà en train de s’élaborer …

Après tout, nombreux sont les problèmes qui surgissent effectivememnt du fait de cartes imprécises, trop anciennes … et après tout, c’est vrai que l’on maîtrise la situation (on a juste besoin de paix pendant cinq ou dix minutes …

Mon sentiment est qu’il faut quand même s’entraîner à bluffer, et pour commencer, s’entraîner à ne pas être soi-même perturbé outre mesure …

Bison
(À suivre)
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

20 août 2009 à 14:10:44
Réponse #14

Bison


QUATRIÈME PARTIE – ENTRAÎNEMENT
(Suite et fin)
Il n’est pas ici question d’apprendre à s’orienter correctement, à « naviguer » avec sûreté … Non, le sujet, c’est :
Apprendre à réagir correctement quand on est égaré ou désorienté (voire « perdu ») pour de bon, - alors que l’on possède déjà les bases de l’orientation, voire les bases de la survie …
Pas question ici de mesures « préventives » à prendre pour éviter de se paumer.
Juste un « savoir faire" et surtout un "savoir être » à appréhender, pour le jour où cela arrivera …
Citation de: Oli_v_ier
La désorientation, effectivement, est très intéressante à vivre et un test pour savoir si on sait se remettre en question.
C’est dire donc qu’il s’agit de travailler la maîtrise de soi alors - que l’on est confronté à une situation qui, dans un premier temps, échappe à notre logique. Seul, ou avec un groupe sur les bras ...
Il y a quelques idées intéressantes dans les post 76 à 86 (après le post 86, la discussion s'enlise et devient asez stérile ...  :( )
Je pense qu’il faut vachement bien travailler les scénarios : 
-   trouver le moyen d’égarer / désorienter une personne compétente en orientation … sans que cela apparaisse comme un exercice, sans que cela ne soit « annoncé » … il faut que cela soit  vraiment ressenti comme accidentel …
-   avoir un ou deux complices dans le groupe pour faire monter la pression (faut rien grand-chose …)
-   arriver à ce qu’un groupe se sente vraiment « perdu », au point de décider de bivouaquer hors du programme prévu, hors des conditions attendues ...
Même si ce n’est pas 100% réaliste, du fait même que l’on est au départ dans un stage, avec un leader (mais on peut travailler là-dessus …) on peut rendre une telle situation très proche d’une situation réelle.
(- AMHA - )

A défaut de « stages » où le formateur se montre suffisemment pervers, que reste-t-il ?
 - la pratique (un jour ou l’autre, cela vous tombera bien sur le nez !)
 - l’imagination (exercice en chambre) … c’est gratuit, cela ne mange pas de pain, et on peut se forger des convictions, s'imprégner à l'avance d'une ligne de conduite. Dans le cadre de rando ordinaire, on peut se repasser ces exercices en tête, éprouver ses convictions, voir si une ligne de’conduite semble tenable.
C’est toujours mieux que de se trouver piégé complètement à l'improviste.

Bison
Qui voudrait bien se remettre encore en question, de temps en temps ...
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

21 août 2009 à 00:10:16
Réponse #15

midnight84


    
Les personnes qui se perdent dans le désert tournent bien en rond, démontre une étude
20.08.2009 21:21

Qui se perd dans le désert ou dans une forêt tourne effectivement souvent en rond. C'est ce que montre une étude publiée dans "Current Biology"(http://www.cell.com/current-biology/). "L'être humain n'arrive pas à tenir une ligne droite lorsqu'il lui manque des points de référence extérieurs", selon les auteurs. Leurs expériences ont montré que les personnes perdues ne parviennent à suivre une ligne droite que si le soleil ou la lune sont visibles. Sinon, elles tournent en rond sans même s'en rendre compte. Parfois, les cercles font moins de 20 mètres de diamètre, ont constaté les chercheurs durant leurs expériences. (SWISS TXT)

Réf: http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200002&sid=11104530&cKey=1250796074000

21 août 2009 à 00:12:03
Réponse #16

jeremy


Salut Bison,

Merci pour l’énorme travail de transfert de donnée      :)

Pour rebondir là-dessus je voudrai faire part de mon expérience personnelle de la question.

Mon problème à moi c’est de me remettre en question lorsque je me trompe. Et malheureusement (pour vous qui me lisez ;) ) je ne suis pas le seul dans ce cas :

C’est ce même phénomène qui a conduit cinq avions de guerre américains à s’abîmer dans le triangle des Bermudes.

Voici un extrait du message du chef d’escadrille le lieutenant Taylor à son aiguilleur :
Citer
"Both of my compasses are out", Taylor replied, "and I am trying to find Fort Lauderdale, Florida. I am over land but it's broken. I am sure I'm in the Keys but I don't know how far down and I don't know how to get to Fort Lauderdale."
source: http://en.wikipedia.org/w/index.php?title=Flight_19&oldid=cur

Or les compas du lieutenant fonctionnaient à merveille. Le lieutenant Taylor avait simplement établi dans son esprit comme élément inamovible qu’il venait de survoler les Keys (beaucoup plus au Nord de sa position réelle). En fait, il avait survolé le golf du Mexique. Mais sûr de ce fait, il ira jusqu’à mettre en doute tous les instruments. Il conduira alors toute son escadrille au large et s’abîmera en mer à cours de carburant.
C’est dingue non? En tous cas, ça a été ma réaction avant que je sois moi-même victime du même phénomène.

J’avais écris un long post pour vous raconter une de mes mésaventures en rando mais mon PC a du trouvé ça rébarbatif car il a usé de son pouvoir de censure. Vous pouvez lui dire merci.  ;D

En clair, j’ai pris un point de repère sur la carte, un lieu remarquable, que l’on ne peu pas confondre avec autre chose (seul croisement à 5 branches sur le sentier) et à partir de cet instant je l’ai considéré comme inamovible. J’ai donc inconsciemment décidé que je remettrai tout en cause sauf ça.
- J’ai marché vers l’Est (soleil dans le dos, car fin d’après-midi) alors que la direction générale sur la carte était clairement Sud. De là j’ai tourné la carte dans tous les sens pour comprendre quelle partie du sentier allait plus ou moins à l’Est. Résultat : aucune portion de si longue durée. Je me suis accommodé de cette incohérence.
- Au bout d’un temps le paysage ne correspondait plus à celui que je devais voir. J’ai donc chercher sur la carte beaucoup plus loin sur le sentier afin de trouver un truc qui ressemble. Qui sait ? J’ai peut-être marché à 12 km/h ?
- Ne comprenant plus rien j’ai sorti ma boussole. Direction générale « Nord Est ». Impossible ! Complètement incompatible avec le trajet théorique. Pas grave, « je vais voir un peu plus loin » « attends, on vois pas bien, je vais voir si je ne comprends pas mieux plus loin » « je vais marcher vite pour arrêter de perdre du temps »  :o ;D)
- Là vraiment, je sais plus dutout où je suis j’y comprends rien de rien. Humilié, je m’assois. Je sors mon GPS  ::) ouai idiot mais pas fou quand même hein ;) . Je reporte les coordonnées sur la carte et là le GPS me dit que ma position est 5 km à l’Est du chemin que je dois prendre !
Reflexe, je vous le donne en mille : « Ce GPS déconne c’est pas possible, ou alors je ne sais plus reporter les coordonnées… attends je suis dans quel système géodésique là ? J’ai combien de sat ? » Et c’est en voyant les 6 beaux signaux satellites que j’ai percuté (comme disait david, « sorti du monde du flottement »). A moi-même « t’es à la masse ou quoi ? ». Terminé, j’avais pris conscience d’où j’étais. Tout allait dans le même sens : la boussole, la carte, le paysage, le GPS.

Retour au croisement à cinq branche. La carte n’était pas à jour et signalait ce croisement comme étant à 3 branches. Le bon était 50 mètres plus loin…

De là, j’ai extrapolé à mon métier. Dans mon job (la recherche en biologie) souvent les expériences foirent.  ;D Un truc qui devrait se produire ne se produit pas. Si la machine qui devait produire la réaction était visiblement sur OFF, la réponse du « pourquoi ? » est simple. Mais lorsque c’est plus compliqué que ça, alors ça se corse. Chaque expérience est composé de dizaines de réactifs, et souvent ce sont des cascades de réactions dans plusieurs machines différentes avant d’avoir un résultat.
Très très souvent, lorsqu’une expérience reste au point mort pendant plusieurs semaines, voir plusieurs mois sans que le manipulateur ne réussisse à trouver le « pourquoi ? ». C’est qu’il y a un truc inamovible dont il est sur et certain qui a en fait foiré :
- Ce réactif ne périt pas
- La séquence de ces sondes a été publiée. Elles fonctionnent.
- Je suis sûr que c’est pas la machine, elle fait un self  test au début et RAS à chaque fois.
et en fin, le meilleur :
- je suis sûr que j’ai fais… que j’ai mis....
- Cette solution là, c’est moi qui l’ai faite. Je peux te garantir qu’elle est bonne

Et c’est là que le parallèle est vraiment flagrant. Car un point inamovible ne sera jamais remis en question. Mais à plus forte raison si ce point concerne la personne et non le matériel, dans le cas des 5 avions, dans ma petite histoire mignonette de rando et en sciences.

La solution pour moi: Les contrôles.
Des points objectifs, souvent en double. En sciences, ils font perdre beaucoup de temps et d’argent. Il est fréquent que les contrôles représentent 50% du temps et 50% du budget.
Mais en fait, ils font gagner beaucoup de temps et d’argent. C’est dur à percevoir au début. Mais aucun chercheur expérimenté ne dira le contraire. « scientists are control freaks »

En rando maintenant je contrôle régulièrement sur la carte que ce virage y est, que ce ru y est… Si j’ai trop de « non ça n’y est pas », c’est que je ne suis pas sur le bon chemin. Point barre. Je recherche alors la dernière suite de contrôles qui correspondait à ce que j’avais sur la carte, (Et non pas LE dernier point remarquable ;) ). En général l’endroit à partir duquel je me suis trompé me saute ainsi aux yeux direct.

Ma carte n’est plus jamais dans mon sac. Toujours à portée de main dans une de mes poches et je checke la progression de temps à autre sans que ça me prenne la tête non plus ;)

My 2 cents,

Jérémy
I see in your eyes the same fear that would take the heart of me. A day may come when the courage of Men fails, when we forsake our friends and break all bonds of fellowship, but it is not this day. This day we fight!

21 août 2009 à 00:54:21
Réponse #17

jeremy


Merci Silent_Stalker,

Excellete étude publiée dans un excellent journal.
Voici le résumé de l'étude en libre accès:
Citer
Common belief has it that people who get lost in unfamiliar terrain often end up walking in circles. Although uncorroborated by empirical data, this belief has widely permeated popular culture. Here, we tested the ability of humans to walk on a straight course through unfamiliar terrain in two different environments: a large forest area and the Sahara desert. Walking trajectories of several hours were captured via global positioning system, showing that participants repeatedly walked in circles when they could not see the sun. Conversely, when the sun was visible, participants sometimes veered from a straight course but did not walk in circles. We tested various explanations for this walking behavior by assessing the ability of people to maintain a fixed course while blindfolded. Under these conditions, participants walked in often surprisingly small circles (diameter < 20 m), though rarely in a systematic direction. These results rule out a general explanation in terms of biomechanical asymmetries or other general biases [1], [2], [3], [4], [5] and [6]. Instead, they suggest that veering from a straight course is the result of accumulating noise in the sensorimotor system, which, without an external directional reference to recalibrate the subjective straight ahead, may cause people to walk in circles.
source: http://www.sciencedirect.com/science?_ob=ArticleURL&_udi=B6VRT-4X1YFNH-4&_user=10&_rdoc=1&_fmt=&_orig=search&_sort=d&_docanchor=&view=c&_acct=C000050221&_version=1&_urlVersion=0&_userid=10&md5=a9b87dcd0c5332656d1ea0a4e124bf63



 :)
« Modifié: 21 août 2009 à 09:48:37 par plumok »
I see in your eyes the same fear that would take the heart of me. A day may come when the courage of Men fails, when we forsake our friends and break all bonds of fellowship, but it is not this day. This day we fight!

22 août 2009 à 15:02:31
Réponse #18

gahús


La même info sur le site de science et avenir :

http://tempsreel.nouvelobs.com/actualites/sciences/vivant/20090821.OBS8387/on_tourne_en_rond_pour_de_bon.html


Pensez vous qu'une différence de longueur de jambes puisse avoir une influence sur le fait de tourner en rond en l'absence de repères visuels  ;D ?

25 août 2009 à 14:49:05
Réponse #19

onc roger


Jusqu'à présent je n'en suis encore jamais arrivé au point de me "perdre" vraiment mais je me suis déjà retrouvé "désorienté" et c'est vraiment TRES troublant

1er exemple : Je suis un chemin balisé en forêt par beau temps en suivant vaguement sur la carte.

A un moment je me dis qu'il y a longtemps que je n'ai pas vu de balise. J'essaie de me repérer sur la carte en m'orientant au soleil mais j'abouti à un truc impossible. Je sors la boussole et je retombe sur le même truc impossible (je marcherais vers l'est alors que je suis persuadé d'aller vers l'ouest). Je n'arrive pas à faire coller l'image que j'ai en tête ni à la carte au ni paysage. Au lieu de revenir sur mes pas pour retrouver une balise (le chemin est vraiment bien visible donc c'est facile) je décide de continuer car "je suis forcément sur le bon chemin et je vais retrouver une balise plus loin". Je continue jusqu'à ce que je trouve un carrefour avec des panneaux et ce n'est qu'à ce moment que j'accepte vraiment la situation mais cela demande vraiment un effort. Je rebrousse alors chemin et trouve l'endroit où j'ai bêtement raté un changement de direction et c'est seulement là que j'arrive a recoller tous les morceaux.


2ème exemple : Marche de nuit seul dans les bois, le ciel est couvert et il fait vraiment sombre.

Habituellement lorsque je marche de nuit je reste sur des chemins que je connais bien mais là je décide volontairement d'essayer de passer 'hors piste" par une zone que j'ai traversé seulement quelques fois de jour.
Je quitte le chemin à un endroit connu après m'être orienté sur la carte et suis la direction "à l'estime". Il y a pas mal de gros rochers qu'il faut contourner et lorsque j'ai un doute je prends systématiquement "plutôt un peu trop à droite" afin de retomber sur le chemin connu en cas d'erreur.
Après un moment je dois m'avouer que j'aurais déjà dû arriver sur la zone visée et je prends le premier sentier toujours vers la droite pour rejoindre mon chemin de départ. En route je croise une élévation de terrain à laquelle je ne comprends rien car elle n'est "pas du bon coté". Lorsque j'arrive enfin sur le chemin il ne ressemble pas à celui attendu mais plutôt à un autre situé ailleurs. Je décide pourtant de le suivre comme si c'était le bon. Après quelques minutes, comme je n'arrive vraiment pas à retrouver les repères attendus, je sors enfin la boussole mais la direction indiquée n'est "pas la bonne", du coup je doute : Le nord c'est le point lumineux ou l'autre coté ? (en bref du grand n'importe quoi !) Ayant déjà lu quelques trucs sur la psychologie du "presque perdu" je me force à écouter la boussole et à rebrousser chemin pour enfin tomber sur un repère sûr. Je recolle alors à la carte et comprends que l'élévation de terrain qui "n'était pas du bon coté" était un des repères que je cherchais mais que j'avais écarté car il n'était pas là où je l'attendais.
Le plus troublant ce n'était pas de ne pas avoir trouvé le chemin du premier coup , en fait je m'y attendais un peu, mais surtout qu'alors que j'avais fait exprès de tourner "un peu vers la droite" j'ai manifestement tourné quand même dans l'autre sens !

Moi qui me vantais d'avoir un "bon sens de l'orientation" maintenant je ferme ma gu**le ...

25 août 2009 à 15:06:04
Réponse #20

Bison


Citer
Moi qui me vantais d'avoir un "bon sens de l'orientation" maintenant je ferme ma gu**le ...

Bienvenue au club!  ;)

N'empêche ... je suis sûr que si cela devait se reproduire, tu serais moins troublé, plus opérationnel.
Je crois que ce serait le cas pour moi ... et pour les autres qui ont déjà vécu cela!

Quant à ceux qui n'ont pas encore vécu ce genre de situation, et qui nous lisent ... et bien j'espère que, le moment venu,  ils pourront se souvenir de ces messages , et "accepter" un peu plus vite ce qui, à priori, est ressenti comme innacceptable!
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

25 août 2009 à 15:36:49
Réponse #21

jeremy


Salut,


2ème exemple : Marche de nuit seul dans les bois, le ciel est couvert et il fait vraiment sombre.


Je plussoie!
De nuit c'est vraiment un attrape couillon. Il m'est arrivé exactement la même mésaventure! Dans un bois que je conaissait très bien. J'ai tourné à 90° sur 2 km à peine.
C'est d'ailleur une des conclusions très importante de l'étude publiée dans Cells. Le marcheur se fie beaucoup à l'orientation des ombres pour garder son cap. Un ciel couvert favorise la giration. Alors, de nuit!

 :o
I see in your eyes the same fear that would take the heart of me. A day may come when the courage of Men fails, when we forsake our friends and break all bonds of fellowship, but it is not this day. This day we fight!

25 août 2009 à 16:21:26
Réponse #22

Bison


Toujours dans l'optique "Psychologie de l'homme (presque) égaré", il y a ce récit (Islande) présenté par Oli_v_ier dans ce post
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

25 août 2009 à 18:19:34
Réponse #23

Nirgoule


Depuis quelques temps je me perds intentionnellement à VTT en forêt inconnue.

La forêt fait environ 8 à 10 km de côté et est encadrée de routes avec des hameaux tous les 2 km environ. Donc à VTT, se perdre c’est au maximum être à une heure de la voiture, rien de grave. J’emporte toujours la carte IGN je ne m’en sers qu’une fois perdu. Comme toutes les cartes IGN les chemins correspondent une fois sur deux. Ces indications ne sont pas fiables. Je n’utilise ni boussole (mais j’en ai une dans le sac) ni altimètre ni compteur kilométrique.

Je fonce tout droit sans regarder la carte et au bout d’un moment j’essaie de faire un cercle pour, «  à l’estime », revenir au point de départ. Comme je ne mesure pas le temps, les distances paraissent fluctuantes. Impossible de s’appuyer sur un seul point de repère en forêt, le soleil est ma seule constante.

Sur les cinq fois que je me suis livré à ce jeu, seule la 3e fois je suis arrivé très près du point de départ. Il faut dire que j’utilise les chemins existants, qu’ils sont en nombre limité. Un m’éloigne, l’autre me rapproche etc. Je corrige (ou ai l’impression de le faire…) au fur et à mesure.

Je n’arrive pas à progresser à ce jeu. Hormis le soleil tout est variable autour de moi. Les arbres se ressemblent tous. Bon au fil des expériences je commence à reconnaître certains lieux. Et le jeu va rapidement prendre fin. Mais je pars toujours un peu inquiet cette forêt reste un mystère.

Dimanche j’ai installé un compteur km sur le vélo et j’ai calé mon altimètre au départ (dénivelé de 150m sur la zone). J’ai donc disposé de deux constantes supplémentaires : la distance et l’altitude. Cela a tout changé.

J’ai foncé comme d’hab. Et là au fil des minutes tandis que je mesurais ma distance parcourue, je prenais pour la première fois conscience de mon environnement. Et du coup plus en confiance je suis allé un peu plus loin. Au débouché d’un chemin sur une route, je me suis mis à chercher où je pouvais être. Ne trouvant pas d’habitude je la remonte et tombe sur un village ou un hameau. Là j’ai regardé l’altitude, dimension supplémentaire souvent ignorée. J’ai trouvé tout de suite mon point d’arrivée. Et tout ce que je venais de parcourir a pris sens d’un coup.

Même avec des indications partiellement fausses, les chemins de forêt sur la carte, je disposais de la distance et de l’altitude ? Les deux confrontés à l’hypothèse « chemin sur la carte » me permettaient de connaître ma position.

C’est la première fois que je me livre à ce jeu en forêt. En rando, je ne m’amuse jamais à cela. Je fais le point régulièrement ou dans l’impossibilité je retourne systématiquement sur mes pas.

 La leçon que j’en tire c’est que définitivement on ne s’amuse pas à retrouver son chemin à l’estime sans aucun point de repaire.
"Vous les français vous ne doutez jamais de rien."
"Je doute toujours mais je ne désespère jamais." Maigret

25 août 2009 à 20:44:41
Réponse #24

Bison


C'est un "jeu" qui me paraît très intéressant ...

Dans un premier temps, pour bien réaliser que si on ne fait attention à rien, les chances de retrouver son chemin après quelques détours sont bien minces en effet.

Dans un deuxième temps, pour y arriver  - à retrouver son chemin - en étant attentif à "intégrer" le chemin parcouru :  directions et distances (même estimées grossièrement).

On faisait cela au simulateur de vol :  départ dans une direction donnée, un peu de "vectoring", quelques exercice plus ou moins en tournant en rond ... et puis la question piège (en examen, ou en évaluation embauche ...) : 
 - "Pouvez vous maintenant prendre un cap qui vous ramène à l'aérodrome de départ?"

Bon ... la plupart des "bons" avaient intégré direction initiale + vectoring et temps sur les différentes directions, au point d'avoir une bonne idée du vecteur retour ...
 Evidemment, on se souvient assez facilement de quelques azimuts imposés ... c'est chiffré et précis. Seuls les temps étaient "estimés" - encore que ce soit une bonne pratique de prendre systématiquement l'heure de décollage ...

Mais c'est un bon indicateur de la capacité d'un pilote à ne pas se laisser aller à l'inattention en matière de positionnement.
Un enfant qu'a pas une paire de bottes, une canne à pêche et un lance-pierre, c'est pas un vrai. (A. Gavalda)

 


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Bienveillance, n.f. : disposition affective d'une volonté qui vise le bien et le bonheur d'autrui. (Wikipedia).

« [...] ce qui devrait toujours nous éveiller quant à l'obligation de s'adresser à l'autre comme l'on voudrait que l'on s'adresse à nous :
avec bienveillance, curiosité et un appétit pour le dialogue et la réflexion que l'interlocuteur peut susciter. »


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